D.4.4 Modèle de LEE-MORE
Ce modèle a été proposé afin de couvrir un domaine que le modèle de SPITZER
ne couvrait pas -- les plasmas denses et éventuellement magnétisés -- en prolongeant
le modèle de ZIMAN.
La distribution
électronique
(dans l'espace des phases
) retenue est
solution de
l'équation de Boltzmann:
 |
(D.10) |
Le terme de droite représente les interactions, parmis lesquelles on néglige les
interactions électrons/électrons (ce qui risque de ne plus être acceptable pour des
degrés d'ionisation trop faibles). L'approximation du temps de
relaxation permet de
simplifier ce terme en:
où
représente une distribution de FERMI-DIRAC (état d'équilibre) et
le temps de relaxationD.17 dû aux collisions électrons/neutres et électrons/ions
(
par exemple,
représentant
le volume par unité de temps dans lequel ont lieu les collisions). La section
efficace de collisions électrons/neutres est considérée comme étant constante et
fait partie des paramètres du modèle.
Le libre parcours moyen utilisé est un modèle de BLOCH-GNÜNEISEN couplé à un
modèle de fusion dérivé de la théorie de
THOMAS-FERMID.18 (il s'agit alors d'une
simplification de l'expression donnée en note 15).
Afin de calculer les sections efficaces, un modèle de collision coulombiennes est
utilisé (voir l'exemple de la résistivité SPITZER en section
D.3.1) ; ce modèle est simple et donne de bons résultats.
Par contre un plasma dense étant en régime partiellement ionisé et
partiellement dégénéré, les distances minimales d'approche et d'écrantages doivent
prendre en compte de nouveaux phénomènes. L'écrantage retenu est un
écrantage de DEBYE-HÜCKEL
corrigé par un modèle de FERMI:
 |
(D.11) |
Le premier terme correspond à l'écrantage du potentiel par des électrons, en prenant
en compte leur dégénérescence éventuelle ; le second terme apporte la contribution
des ions à l'écrantage. De plus, on interdit à la distance d'écrantage d'être
inférieure à la distance inter-atomique. La distance minimale d'approche quant à elle
doit reflèter la nature quantique du plasma, donc on introduit le principe
d'incertitude dans son calcul (évaluation faite à la vitesse thermique, voir en
section D.3.1): le paramètre d'impact minimum est alors
avec
soit
 |
(D.12) |
La connaissance des bornes supérieures et inférieures du paramètre d'impact permet
d'intégrer le logarithme coulombien, ce qui permet de calculer les sections
efficaces d'interactions. D'après l'approximation du temps de relaxation
précédemment faite, ceci permet de calculer le temps de relaxation dont dépendent les
coefficients de transport
(conductivité électrique),
(conductivité thermique) et
(puissance thermo-électrique). Ceux-ci sont calculés
en
fonction de
(
étant le potentiel chimique) et d'intégrales de
FERMI-DIRACD.19. Ces intégrales sont alors tabulées pour êtres utilisées dans le
modèle. Dans le cas non-dégénéré (
), les coefficients calculés correspondent à la modélisation des électrons
comme un gaz de LORENTZ effectué par SPITZER. La conductivité
s'écrit alors sous la forme:
 |
(D.13) |
Cette forme est très proche de la définition donnée par l'équation (D.1),
avec
une fonction du potentiel chimique
et de la
magnétisation
.
Les résistivités calculées sont applicables dans le domaine cinétique, mais aussi
dans la partie supérieure du domaine corrélé. Ceci provient du fait que les distances
minimales d'approche et d'écrantage ainsi que le libre parcours moyen sont décrits
de façon plus fine que dans le
modèle de SPITZER et prennent en compte les changements de régime
(écrantage électronique et ionique, écrantage à la distance inter-atomique, libre
parcours moyen du régime cinétique, libre parcours moyen en phase solide ou liquide).
De plus, le modèle prend en compte des champs magnétiques arbitraires.
Notes
- ... relaxationD.17
- Ce temps de relaxation se voit attribuer une
valeur minimale en dessous de laquelle il ne peut descendre, qui contient un
paramètre devant être adapté. Dans les régimes voisins de la transition
métal/isolant, cette valeur limite tend à jouer un rôle dominant sur la résistivité,
ce qui signifie que le modèle sort de sa plage de validité.
- ...Thomas-FermiD.18
- C'est à dire
que les électrons d'énergie inférieure à l'énergie de Fermi sont considérés
comme ne jouant aucun rôle ; ce qui signifie que la structure atomique de l'atome
n'est pas prise en compte. Ainsi dans certains régimes, tels que la transition
métal/isolant, l'ionisation est sur-estimée.
- ...Fermi-DiracD.19
- Ces intégrales apparaissent naturellement dans les
problèmes mettant en jeu des collisions coulombiennes.
Mathias.Bavay_at_ingenieurs-supelec.org - juillet 2002